Franc-maçon ?

 

Dans la presse catholique, René Guénon s'est montré fort critique envers la franc-maçonnerie de son époque, dont il dénonçait certains travers occultistes et son ouverture à toutes les suggestions du milieu subtil ... alors même qu'il était lui-même franc-maçon. Le maître est d'ailleurs fort lu dans le milieu fraternel, où son ouvrage consacré au Compagnonnage fait autorité. On dit la franc-maçonnerie sectaire et incapable d'accepter la critique : la preuve que non !

 

Cette ambiguité s'explique si l'on considère la synarchie (la théorie de l'Imperium) et son évolution en Occident. Comme notre lecteur le découvrira, la cité idéale suppose que chaque individu occupe la fonction sociale qui correspond à ses capacités, déterminées par son thème astral de naissance. Cette obligation exclue l'hérédité, la corruption, le copinage et toutes les fraudes et autres passe-droits liés au milieu familial, aux réseaux d'influence et à l'argent.

 

La fonction sociale ne s'envisage pas seulement d'un point de vue utilitaire et purement matériel. Elle a pour corollaire une initiation, destinée à permettre aux individus de recevoir une influence spirituelle et un cadre intellectuel (ésotérique) à la réalisation des thèmes de la religion (exotérique).

 

Au moyen-âge, l'initiation des maçons était destinée à ceux qui "oeuvraient" (au sens littéral) dans ce corps de métier. Ils y recevaient l'influence spirituelle du fondateur de la civilisation (le plus souvent mythique) et y maniaient leurs outils, de manière à dépasser le sens immédiat de la construction pour envisager la manière dont le cosmos est lui-même construit. Ainsi, l'oeuvre humaine (la maçonnerie) se dessinait comme une perpétuation de celle de Dieu ; l'homme co-créateur opérant selon les mêmes canons. Il s'agit là de la "Réalisation spirituelle", telle que l'entendent les sociétés traditionnelles. 

 

Cette première phase, celle des "Petits Mystères" antiques, ou "Art Royal", était un préalable à une seconde étape : les "Grands Mystères" ou "Art sacerdotal". Toutefois, ce point ultime n'avait pas vocation à être atteint, ni par la caste nobiliaire, ni par celle des gens de métier. Réservé au clergé, il envisageait la "Délivrance" des limitations proprement humaines (temps et espace).

 

Si l'initiation maçonnique était réservée aux gens de métier - on parle alors de maçonnerie opérative - elle était étroitement contrôlée par ceux qui jouissaient de l'art sacerdotal. Ces derniers (souvent l'Evêque ou le Père supérieur du monastère, mais normalement un émissaire de l'Empereur) étaient autorisés à assister aux tenues dans les loges. En ce qui les concerne, on parlait alors de "maçonnerie spéculative".

 

L'abbé Suger est un exemple de maître-maçon spéculatif, associé à la monarchie française, qui reste surtout connu pour avoir initié l'art gothique au XIIe siècle. L'ordre du Temple, parce qu'il a beaucoup construit, jouissait également de son propre corps de métier, sous sa direction. Après le complot fomenté par Philippe IV de France, les templiers sont réputés avoir migré vers l'Ecosse. Ces deux mouvements animeront l'art de la construction en Europe, jusqu'à l'oubli des règles d'orientation et l'avènement de l'utilitarisme moderne.

 

En Angleterre, la rupture de la noblesse avec Rome l'invite à formuler une pseudo-religion : l'anglicanisme. Pour asseoir sa puissance, la free massonry est constituée au XVIIIe siècle. Elle s'appuie sur les vestiges des loges de maçons opératifs (notamment écossais), devenues alors des sociétés de charité et d'entraide professionnelle. Toute dévouée à la monarchie, l'intention de la franc-maçonnerie est hégémonique : l'empire anglo-saxon diffuse sur le monde son influence et ses idées, en appui de sa force brutale. 

 

En France, après la rupture définitive entre la maçonnerie et le compagnonnage, la maçonnerie devient uniquement spéculative. De grandes figures de la noblesse continuent à transmettre l'influence spirituelle et l'art royal occidental, tout en empruntant aux idées à la mode, aux découvertes de l'archéologie et aux doctrines orientales ; parfois même à l'occultisme médiéval, au Judaïsme ou à l'Islam. Les compagnons subissent le rouleau compresseur de la révolution industrielle au XIXe siècle ; on les retrouvera fort impliqués dans les mouvements internationalistes ouvriers. 

 

Les maçons américains, en rupture avec l'Angleterre et aidés par leurs frères français, construisent une société nouvelle et libre. L'architecture de Washington, la capitale fédérale, est l'oeuvre du spéculatif français Pierre Charles L'enfant. L'émancipation sera brisée avec la création de la Réserve Fédérale, qui marque la reprise en main par Londres. En 1929, le peuple américain est dépossédé par la haute finance anglo-saxonne et entre dans le cercle de la dette et du militarisme agressif. 

 

A la fin du XIXe siècle, les loges anglaises entendent exercer leur contrôle absolu. Albert Pike assoie sa réforme des concepts et des grades sur une refonte du rite écossais. La maçonnerie anglo-saxonne n'a depuis longtemps aucun caractère traditionnel du fait qu'elle est coupée de l'Autorité spirituelle légitime (Rome). René Guénon dénonce qu'une initiation, au terme de sa profanation et de sa rupture avec la tradition, présente un caractère nécessairement inversé, qu'il désigne de "satanisme à proprement parler". Sous ce terme, il faut entendre que ce ne sont plus des influences spirituelles qui sont diffusées ; mais des influences psychiques, parfois du domaine le plus inférieur (infernales ou inconscientes / pulsionnelles).

 

Au lieu de viser à l'identité entre l'ordre cosmique et le microcosme humain, la franc-maçonnerie anglo-saxonne est - en réalité - destinée à donner corps aux élucubrations mentales de la monarchie anglaise. Elle se caractérisent par la haine du Judaïsme, de la Catholicité et de l'Islam traditionnels. La haute finance anglo-saxonne assiste la naissance du communisme, du nazisme / sionisme, et de l'islamisme. Les faits sont hélas avérés ; avec en vue, la construction du 3ème temple. Nous avons donné une description de cette pseudo-religion dans notre ouvrage "Luxembourg : le parti chrétien atlantiste et le laboratoire du 4ème reich". 

 

La franc-maçonnerie latine échappe à cette volonté, elle perpétue une influence spirituelle assez nette et charrie, comme l'illustre ses hauts-grades, toutes les doctrines dont s'est alimenté l'Occident : des mystères antiques au Christianisme. En particulier, le Grand Orient de France se remarque par une mutation, qui fait honneur à sa compréhension de la doctrine platonicienne. Le rite est d'abord l'envers initiatique de l'Empire napoléonien (qui puise sur le modèle mérovingien et égyptien) ; mais, l'hostilité de Rome ne lui laisse aucune chance face à la perfide Albion. Prenant acte de la défaite de Sedan, le GOF anime la IIIème République. L'idéal républicain est celui du rite : liberté, égalité et fraternité. Il fait front aux monarchistes, aux vaticanistes et aux anglais, puis aux internationalistes et aux athés. Après le Traité de Versailles et la reprise en main des Etats Unis, la franc-maçonnerie latine perd de son influence. 

 

Au long du XIXe siècle, on peut reprocher aux diverses obédiences de laisser trop de place aux divagations occultistes, voire de couper tout lien avec le transcendant (Dieu, l'Etre suprême, le Grand Architecte). Les maçons semblent de moins en moins intéressés par l'initiation et la Réalisation spirituelles. Les médias se font les échos de scandales et d'affairisme, lorsque l'or n'est pas laissé hors les colonnes. Toutefois, rien n'est perdu. L'autorité de René Guénon, qui s'appuie sur l'influence spirituelle de l'Islam, initie une révolution lente. Même si le climat mental laisse parfois à désirer dans les loges de recherche, même si les accusations portées contre la franc-maçonnerie anglo-saxonne éclaboussent les loges latines, une élite nouvelle se dessine, qui entend ne pas accepter la modernité comme un fait accompli. 

 

La pensée synarchique a été singée par la monarchie anglaise, pour conduire à son criminel 4ème reich et son délire du 3ème temple. Ces fous ont singés tout ce qu'il était possible de travestir dans la pensée maçonnique, jusqu'à glorifier la trahison d'un frère. En 2003, nous dénoncions les envers contre-rituels des attentats du 11 septembre, sur la base des cycles de Vénus. On nous a beaucoup reproché de distinguer, dans la franc-maçonnerie, ce qui est authentiquement traditionnel et ce qui relève des loges anglo-saxonnes, que nous n'hésitions pas à qualifier de "sataniques". 

 

Toutefois, l'idée authentique d'Imperium demeure vivace au sein même de la franc-maçonnerie, consciente que le temps et le lieu ne sont pas encore venus à une restauration intégrale de la tradition. Il faudra attendre l'ère du Verseau. En attendant, la franc-maçonnerie reste fidèle à sa mission : transmettre une influence spirituelle et transcendante, d'une part, et, d'autre part, les outils (notamment rituels) utiles à la préservation et la continuation de la connaissance.

 

Certes, bien des critiques peuvent être adressées à la franc-maçonnerie, et qui tiennent le plus souvent non pas à l'institution mais à la nature humaine - donc faillible - des membres (souvent bien loin de présenter les qualités intellectuelels et morales requises). On lui reprochera ses faiblesses dans l'analyse symbolique et rituelle (tout le monde n'est pas un René Guénon) ; on lui reprochera de valoriser un lien "mythique" avec les initiations antiques, donc plutôt psychique que véritablement spirituel ; on lui fera grief de présenter des aspects de telle ou telle religion, qui n'existent pas dans la tradition en question ; on verra parfois que les préoccupations du monde n'ont pas été laissées hors les murs ; on regrettera que des profanes soient informés de propos tenus en assemblée en violation du secret maçonnique ; ... Toutefois, la vieille dame a pour mérite d'exister et de perpétuer, parfois même sans en être consciente elle-même, tout ce qui est utile à la Réalisation spirituelle dans le contexte occidental. Et c'est déjà beaucoup !

 

L'histoire démontre que de telles initiations ont toujours permis aux nouvelles révélations de s'exprimer et de prendre corps sous la forme de nouvelles civilisations. Il ne reste rien de la noblesse romaine, ni du personnel des temples, ni de la bourgeoise de Rome, après les grandes invasions. L'autorité spirituelle et la noblesse criminelle, car elles sont déchues, et même si leur union dans un sursaut final peut inquiéter, sont vouées à la disparition. Quant à leur domesticité, elle n'aura qu'à se trouver un nouveau servage, puisqu'elle refuse d'être libre. 

 


 


 


 


 


 


 


 

 



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